Foutue zone de confort
Deux semaines de stage. Deux semaines de travail avec d’autres professionnels, coaché par deux clowns et deux pédagogues de référence. Sur le papier, ça fait rêver. Et pourtant, quand on se retrouve au fin fond du cantal, ne connaissant personne. Quand on est sur le plateau le premier jour, que treize paires d’yeux sont braquées sur vous, on est traversé par une simple interrogation : « Pourquoi ne suis-je pas chez moi, sur mon canapé à regarder une série ? »
À ce moment, on exècre cette volonté suicidaire de sortir de sa zone de confort. Qu’est-ce qui peut bien pousser un individu sain d’esprit à s’offrir en pâture face à treize inconnus, seul sur une scène nue avec pour seule consigne faire un exploit et comme unique promesse, nous faire rire ? Et pourtant…
Pour ce stage, je n’avais pas d’ambition particulière, pas de spectacle en prévision, pas de création en cours. Si ce n’est besoin, cette envie de progresser, de trouver les outils pour renforcer mon jeu, pour faire grandir mon clown.
De l’importance de se former
Je considère comme une chance, le fait que dans mon métier on ne cesse jamais d’apprendre.
Pas facile de se remettre en cause, de voir qu’après des années on se trompe encore, qu’on refait parfois les mêmes erreurs, qu’on ne sait pas, qu’on doute constamment, qu’on se plante. Et même si ce n’est pas toujours facile, c’est le lot de ce métier et c’est ce qui nous fait avancer.
Quelle joie aussi de réussir, de batailler pour obtenir la victoire, la rencontre avec le public ou ses partenaires par le rire, les émotions !
(A l’image de cette tentative en trio de grand écart)
Cette magnifique sensation de réussite, de partage, de progression.
En deux semaines, que de rencontres, que de rires et ce temps. Ce temps que l’on s’offre. Ce temps pour découvrir de nouvelles facettes de nouveaux outils, de pouvoir pointer nos forces, nos difficultés de voir nos chantiers en cours et comment ils évoluent.
Le tout dans un cadre de bienveillance, d’exigence et de douceur.
Le pouvoir en question
Deux semaines à traverser le thème du pouvoir en solo, en duo ou trio. À découvrir la relation, sans forcément de notion de conflit. À expérimenter la faiblesse du dominant, la force du dominé, l’extraordinaire diversité, forme et couleur de jeu et les changements de registre.
J’ai appris autant dans le jeu, dans les retours, qu’en regardant mes camarades de jeu. Quel niveau, quel professionnalisme et quelle complicité. J’ai ri aussi beaucoup. Tellement ! Je crois que j’aurai payé ma place et plus encore pour certaines impros.
Nous repartons avec beaucoup de pistes de travail, une sacrée boite à outils, ainsi que l’inventaire non exhaustif de son clown. Et surtout, et cela n’a pas de prix, une ardeur nouvelle et une confiance décuplée.
Comment résumer la pédagogie d’Hélène Gustin et de Lory Leshin, une exigence immense qui n’a d’égale que leur bienveillance. Elles nous offrent leurs retours, leur incroyable expérience avec une grande générosité. Un duo complémentaire par leur énergie bien distincte, leur parcours et leur plaisir d’être ensemble et avec nous.
Bon et alors : Dominant dominé ????
Ce n’est qu’au bout de la deuxième semaine lors d’un repas qu’avec les autres stagiaires nous avons partagé nos questions à Lory et Hélène sur le choix du titre de leur formation.
Je m’entends encore leur déclarer : « À mes proches qui ne sont pas du milieu, je leur aie juste dit que je faisais un stage clown. Parce que je ne me voyais pas annoncer que je partais deux semaines avec une douzaine d’inconnus dans un gite autour du thème « Dominant /dominé »
Le plus drôle dans tout ça qu’elles ne se soient pas aperçu du quiproquo sexuel d’un tel titre. Quelle belle naïveté de clown ! Je m’en veux presque de leur en avoir fait part. Et en même temps quel régal que leurs têtes. S’il vous plait, ne changez rien, vous êtes magiques.
Les temps informels sont tout aussi puissants que le stage en lui-même. Le fait de vivre en autarcie ensemble permet de voir maturer les échanges, les réflexions, d’apprendre à se connaitre.
Le travail ne s’arrête d’ailleurs jamais tout à fait. J’ai souvenir d’un moment où Hélène me glisse un « au fait, j’ai pensé pour ton clown… » entre deux portes avant de disparaitre. On ne peut pas aller aux toilettes tranquilles 😉 Comme de ce temps au déjeuner ou entre deux plats Lory me livre la phrase qui me fallait entendre à cet instant T, comme une évidence.
Que dire de nos soirées bœufs musicaux, de nos petits-déjeuners fou rire, de nos discussions à cœur ouvert. Je garde l’incroyable spectacle donné par Hélène annonçant qu’elle allait se coucher et nous offrant une kyrielle de fausses sorties invraisemblables. Une leçon, une cascade de rires et surtout un cadeau unique partagé. Merci
Merci à mes camarades de stage, quelle générosité, quelle qualité de jeu et que de belles personnes ! J’ai tellement aimé partager ces moments avec vous. Merci à Hélène et Lory. De ce que vous avez transmis et de ce que vous êtes … Quel beau cadeau. (on attends le stage 2 ;-))